The Siege and The Sandfox

Quand un Metroidvania décide de délaisser le combat au profit de l’infiltration pure, le pari peut sembler risqué. Et pourtant, The Siege and The Sandfox, développé par Cardboard Sword et édité par PLAION, relève ce défi avec une élégance rare. Proposé comme un “Stealthvania”, ce titre offre une aventure 2D où la discrétion prime, dans un monde magnifiquement réalisé en pixel art. Grâce à son atmosphère riche, sa direction artistique ambitieuse et son gameplay centré sur l’évasion et l’agilité, The Siege and The Sandfox s’impose comme une alternative audacieuse et rafraîchissante au Metroidvania classique. Il mise sur la subtilité plutôt que sur la confrontation, et réussit à captiver sans avoir besoin de recourir aux armes.

Une infiltration stylisée dans un royaume assiégé

The Siege and The Sandfox se déroule dans un univers fantasy inspiré des Mille et Une Nuits, où une cité prospère se retrouve menacée par les forces d’un empire voisin. Vous incarnez un assassin surnommé le Sandfox, accusé à tort d’avoir assassiné le roi. Jeté dans les geôles souterraines du palais, vous devez vous frayer un chemin à travers un immense complexe de galeries, prisons et ruines oubliées, afin de remonter à la surface et alerter le royaume d’un complot plus vaste.

L’écriture reste sobre mais efficace, jouant sur les codes du complot politique et de la trahison, tout en laissant une place à une dimension mystique intrigante. Le jeu distille ses bribes de scénario à travers des dialogues brefs, des inscriptions et l’environnement lui-même. On sent une volonté de créer un univers crédible et cohérent, sans forcer la narration. L’ambiance sonore vient sublimer le tout, avec des nappes discrètes, des effets sonores réalistes, et une attention particulière portée aux bruits d’ambiance, essentiels dans un jeu d’infiltration.

Visuellement, The Siege and The Sandfox impressionne par son esthétique. Le pixel art est détaillé, précis, et magnifié par une mise en scène en 2.5D rendue possible grâce à l’Unreal Engine 4. Les décors bénéficient d’une profondeur rare, avec des jeux de lumière travaillés et des animations soignées. Ce mélange de style rétro et de technologie moderne donne au jeu une patte visuelle immédiatement reconnaissable, à la fois élégante et immersive.

Pas d’armes, que vos jambes et votre discrétion

Le cœur de l’expérience dans The Siege and The Sandfox réside dans l’infiltration. Ici, pas de combats : votre personnage ne manie ni épée, ni arc, ni magie. Le gameplay repose exclusivement sur l’évitement, la furtivité et la mobilité. Être vu n’est pas toujours fatal, mais être capturé l’est. Le joueur doit donc observer les routines ennemies, analyser les environnements, exploiter les ombres et les cachettes pour progresser sans se faire repérer. Vous pourrez également assommer certains ennemis, mais gare à leurs collègues qui viendront les réveiller s’ils les voient en difficulté.

Cette approche tranche avec les Metroidvania habituels, où l’action est souvent centrale. Ici, chaque mouvement compte. Heureusement, la palette de déplacements est riche : glissades, sauts muraux, wall-run, balancements, rebonds, planage… Tout cela s’apprend progressivement via des capacités débloquées dans le style classique du genre. Chaque aptitude ouvre de nouveaux chemins, incitant à l’exploration et à la redécouverte d’anciennes zones.

The Siege and The Sandfox propose également des mécaniques de jeu bien pensées pour rendre l’infiltration fluide : des indicateurs visuels montrent les lignes de vue ennemies, des jauges de bruit permettent de savoir si vous marchez trop fort, et de nombreux éléments interactifs – comme des pots, rideaux ou conduits – peuvent servir à se dissimuler. L’interface est épurée mais lisible, et contribue à une prise en main rapide, même pour les joueurs peu habitués aux jeux d’infiltration.

Un Metroidvania structuré et accessible

Malgré son orientation infiltration, The Siege and The Sandfox reste fidèle à la structure du Metroidvania. L’ensemble du monde est interconnecté, sans coupure entre les zones, et invite à une exploration méthodique. On débloque de nouveaux pouvoirs, on découvre des raccourcis, on collecte des objets cachés et on revient sur ses pas pour accéder à des secrets autrefois inaccessibles. Le level design est pensé avec intelligence, alternant espaces ouverts et couloirs exigus, plateformes périlleuses et passages secrets.

Le jeu propose une difficulté bien dosée. Si certains passages demandent de la patience et de la précision, on ne ressent jamais de frustration excessive. Les checkpoints sont bien placés, et les mécaniques sont suffisamment claires pour que l’on comprenne ses erreurs. Comptez environ 10 heures pour terminer The Siege and The Sandfox en ligne droite, et un peu plus si vous visez l’exploration complète. Une durée tout à fait honnête pour un titre indépendant de cette envergure.

Enfin, la bande-son, discrète mais parfaitement intégrée, participe pleinement à l’immersion. Chaque bruit, chaque souffle de vent ou craquement de planche devient une alerte potentielle. Cela oblige à tendre l’oreille autant que le regard, renforçant encore la tension et le plaisir de jeu.