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   Temps de lecture :  4 minutes

Verdict rapide

  • Jeu : Arc Raiders

  • Développeur : Embark Studios

  • Éditeur : Nexon

  • Plateformes : PC, PS5, Xbox Series

  • Genre : Extraction Shooter / PvPvE

  • Durée : illimitée (ou jusqu’à ce que la gravité, un Arc ou un joueur trop bavard vous exécutent)

  • Verdict express : Un jeu d’extraction aussi élégant que dangereux, où chaque sortie ressemble à un petit roman improvisé. Quelques défauts subsistent, mais la promesse est déjà immense.

Une Italie réinventée sous stéroïdes rétrofuturistes

On aurait pu imaginer mille lieux pour accueillir un shooter d’extraction.
Embark a choisi… une Italie réinventée, coincée quelque part entre un vieux film de science-fiction oublié et une carte postale délavée du Sud industriel.
Cette décision, aussi étrange sur le papier que fascinante à l’écran, donne à Arc Raiders une identité immédiatement reconnaissable.

La Campanie et la Calabre fictives que le jeu nous sert ne ressemblent pas vraiment à celles des brochures touristiques, mais elles possèdent ce charme étrange des univers qui assument pleinement leur décalage : le spatioport d’Acerra côtoie des ports abandonnés, des villages décimés et des métros transformés en zones d’exfiltration aussi rassurantes qu’un tunnel mal éclairé.

L’ensemble compose une atmosphère forte, presque cinématographique, dans laquelle chaque expédition semble appartenir à un monde cohérent malgré sa fantaisie assumée.

Prendre, s’aventurer, espérer ne pas tout perdre

Le principe du jeu est d’une simplicité absolue :
on monte à la surface pour récupérer du matériel, et on prie pour réussir à revenir entier.
Mais comme toujours dans ce genre d’expérience, le diable se cache dans les détails — et ici, il a élu domicile dans chaque recoin de la carte.

Les zones sont truffées de dangers, non seulement à cause des joueurs qui, selon l’air du temps, oscillent entre la solidarité de fortune et l’envie subite de trahir tout le monde, mais surtout à cause des Arc, des machines extraterrestres aux comportements suffisamment nuancés pour rappeler qu’Embark n’a pas bâti une simple galerie de monstres.

Chaque sortie devient un risque calculé.
Chaque retour une victoire.
Et chaque extraction une forme d’épopée personnelle, parfois élégante, souvent catastrophique, mais toujours mémorable.

La proximité vocale : de la parole comme arme (ou comme piège)

L’une des grandes idées du jeu se cache dans un détail en apparence anodin : la chat de proximité.
Dans Arc Raiders, ce n’est pas un gadget, mais une mécanique à part entière, capable de transformer le ton d’une partie en quelques syllabes mal placées.

La diplomatie improvisée a souvent plus de valeur qu’un chargeur fraîchement rempli.
Une négociation habile peut vous sauver la vie, une phrase suspecte peut provoquer une fusillade, et un silence mal interprété suffit parfois à déclencher un panique collective digne d’une tragédie grecque de science-fiction.

Là où d’autres jeux transforment les joueurs en silhouettes hostiles sans nuance, Arc Raiders les humanise — parfois pour le meilleur, souvent pour le pire, mais toujours de manière profondément ludique.

Les Arc : une IA qui ne plaisante pas

Les Arc constituent l’autre grand pilier du jeu.
On a déjà vu des ennemis mécaniques dans des shooters, mais rarement avec une telle volonté de paraître vivants.
Ils ne se contentent pas de charger tête baissée : ils contournent, se réorganisent, compensent une patte brisée, adaptent leur cadence, et observent avec cette froideur implacable qui finit toujours par vous rappeler que vous n’êtes qu’un intrus dans leur territoire.

La première rencontre avec la Reine, une sorte de monument d’acier qui se déplace comme un immeuble arthropode, reste un moment où même les joueurs expérimentés cessent de fanfaronner.
Et quand elle commence à prendre en chasse votre trio à travers un champ en pente, vous comprenez soudain que certaines créatures n’ont pas été conçues pour votre confort psychologique.

Un inventaire aussi restrictif qu’un garde-fou administratif

Avant de repartir au combat, tout se passe dans Speranza, la grande ville souterraine où les Raiders se réfugient.
On y recycle, on y fabrique, on y range, et parfois on y réfléchit trop longtemps à ce que l’on devrait ou non emporter.

Et c’est là que surgit l’un des défauts les plus flagrants du jeu : la gestion de l’inventaire, d’une ergonomie discutable.
Entre les matériaux qui semblent s’empiler selon des lois mystérieuses et un espace de stockage réduit au strict minimum, on vit constamment dans une forme de schizophrénie logistique : l’impression d’avoir trop, puis pas assez, souvent dans la même minute.

Cette sensation, réaliste pour un habitant d’une communauté souterraine en ruine, devient moins amusante lorsqu’il faut jongler entre trois types de ressources pour crafter une amélioration finalement dévorée en une partie.

Un crafting profond mais à manier avec prudence

Heureusement, le système d’amélioration reste extrêmement gratifiant.
Chaque nouvel établis ouvre des possibilités, chaque arme modifiée change votre manière d’aborder les combats, et les gadgets — mines, fumigènes, tyroliennes, capteurs et autres idées farfelues dont la fameuse flûte — peuvent transformer une mission désespérée en réussite éclatante.

Plus on progresse, plus le jeu devient intense… et plus la peur de tout perdre s’installe.
Car mourir signifie tout laisser derrière soi, à l’exception de quelques objets protégés par des poches dédiées, si vous avez eu la sagesse de les prévoir.

Le jeu de jour, la survie de nuit

Sortir la nuit est une expérience qui mérite presque d’être classée à part.
Les Arc deviennent plus nombreux, les joueurs plus nerveux, et les environnements plus inquiétants, comme si l’Italie alternative d’Embark utilisait l’obscurité pour révéler son vrai visage.

On avance lentement, on écoute, on devine.
Le moindre bruit transforme les nerfs en corde de violon, et l’extraction nocturne réussie procure une satisfaction rare, presque primitive.

Une action maîtrisée, servie par un sound design exceptionnel

Les armes n’ont rien d’extravagant, mais leur impact est immédiat, lisible, efficace.
Les projectiles relativement lents imposent une approche calculée, loin des shooters où l’on tire en rafale pour régler un différend.

Mais c’est véritablement l’audio qui élève Arc Raiders au-dessus du lot :
le jeu accorde une importance quasi sacrée à chaque bruit, chaque réverbération, chaque souffle mécanique.
On joue autant avec ses oreilles qu’avec son arme, et certains tirs ont un poids sonore tel qu’on se surprend à chercher un casque plus confortable, uniquement pour savourer la profondeur spatiale.

Chaque partie se construit à partir du son, et c’est sans doute l’un des choix de design les plus intelligents du jeu.

Une direction artistique qui impose son identité

Visuellement, Arc Raiders surprend par son mélange de textures industrielles, de lignes futuristes et de ruines méditerranéennes.
Ce choix esthétique, que l’on n’aurait jamais imaginé fonctionner, crée une identité forte et distincte.
Les environnements, vastes et crédibles, se prêtent parfaitement à l’exploration et au chaos improvisé des affrontements.

Solo, duo ou trio : trois manières de vivre le jeu

Embark a fait un choix ingénieux en séparant les files d’attente selon la taille des équipes, garantissant une certaine équité.
Mais au-delà de l’équilibre, c’est surtout l’ambiance qui change radicalement :
en solo, l’expérience devient presque un survival horror ; à deux, une danse prudente ; à trois, une expédition organisée qui bascule volontiers en comédie noire.

Le jeu prend ainsi une dimension modulable qui encourage l’expérimentation.

Une monétisation encore en rodage

Sur ce point, Arc Raiders se montre plus hésitant.
Les cosmétiques manquent de variété, certains prix peuvent provoquer un haussement de sourcil, et les objectifs à long terme ne sont pas encore assez étoffés pour offrir une véritable feuille de route aux joueurs les plus assidus.
La première saison, gratuite, plante les bases, mais on sent que le système cherche encore son équilibre.

Heureusement, Embark a déjà prouvé sa capacité à écouter sa communauté.
On suivra donc l’évolution avec un optimisme prudent.

NOTRE AVIS

17
20

Arc Raiders est un shooter d’extraction étonnamment riche en nuances, capable de transformer une simple mission de récupération en aventure imprévisible, parfois absurde, souvent haletante, et toujours mémorable. Imparfait mais déjà remarquable, il possède tout le potentiel pour devenir une référence durable du genre, à condition qu’Embark continue d’en affiner les mécaniques.

Yakudark

BONS POINTS

  • Direction artistique rétrofuturiste enthousiasmante
  • Sound design remarquable
  • Chaque partie raconte une histoire
  • Chat de proximité extrêmement bien exploité
  • IA des Arc impressionnante
  • PvPvE équilibré et très dynamique

MAUVAIS POINTS

  • Inventaire frustrant et peu ergonomique
  • Objectifs long terme assez légers
  • Cosmétiques chers et limités
  • Hub social sous-exploité

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