Il est évident que pour une « nouvelle » création telle que celle-ci, il est primordial de marquer les esprits dès le départ. À cet égard, Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon ne déçoit pas, présentant un graphisme en cel shading aquarelle immédiatement captivant, qui sublime le design original du personnage naviguant entre figurine et illustration de conte de fées.
Nous sommes loin de ce que nous avons appris à apprécier dans les épisodes de la série principale, et nous nous retrouvons plongés dans un véritable livre pour enfants. Heureusement, au fil du temps, de nombreuses productions ont su briser les stéréotypes esthétiques, proposant des expériences enchanteresses et inoubliables, même lorsqu’elles partaient de bases apparemment infantiles.
La direction artistique est solide, avec des designs sophistiqués aux traits presque abstraits, qui se fondent parfaitement dans les décors oniriques abritant les péripéties du récit. Ce n’est donc pas un hasard si c’est un rêve qui sert de catalyseur aux événements de cette histoire, la jeune Cereza étant contrainte de revivre la séparation d’avec sa mère chaque fois qu’elle s’endort.
Dans le monde des rêves, un jeune garçon, apparemment du même âge que Cereza, l’invite à se rendre dans la forêt d’Avalon, où elle trouverait une source de pouvoir capable de l’aider à retrouver sa mère. L’objectif ultime est si grand et si crucial qu’il pousse la jeune fille à ignorer tout danger. Ce saut dans l’obscurité témoigne de courage mais est également imprudent, comme le découvrira rapidement la protagoniste.
Quittant pour la première fois la sécurité du manoir où elle était hébergée par sa maîtresse, Morgana, la petite sorcière pénètre dans un royaume totalement inconnu pour elle, apparemment à la merci de la nature mais en réalité sous l’emprise de redoutables fées.
Des couleurs saturées et vives alternent avec des teintes naturelles, presque ternes : dans l’ensemble, l’apprentie sorcière d’Umbra se distingue nettement, définie par un contour noir absent chez les autres créatures. Ce choix souligne les différences entre cet « humain » et les habitants du royaume des fées, facilitant également le repérage de notre avatar lors de l’exploration.
Avalon est d’une richesse de détails époustouflante et élaborée, éveillant la curiosité du joueur à la fois instantanément et sur le long terme. Les aires de jeux s’étendent sur trois niveaux de profondeur différents et, malgré la caméra fixe, permettent souvent d’apercevoir des passages et des ravins qui pourraient – avec la bonne compétence – nous ouvrir de nouvelles voies.
L’exploration est ainsi guidée non seulement par les impératifs du scénario (clairement indiqués, rassurez-vous), mais aussi par la capacité du monde du jeu à nous surprendre et à nous intriguer, nous incitant à progresser. Sans bénéficier des détails qu’offrirait un matériel éprouvé dans des rendus haute définition, Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon surmonte les incertitudes de quelques lignes dentelées trop nombreuses pour offrir un système visuel solide et très agréable, sans subir de ralentissements gênants. Chaque zone est distincte et identifiable, et certains endroits sont véritablement étonnants de par leur personnalité et leur sophistication.
Le voyage à travers Avalon offre aux joueurs un paysage visuellement saisissant, qui captive l’attention et pousse à l’exploration approfondie. La créativité dont témoigne le monde du jeu incite à persévérer dans l’aventure et à découvrir toutes les surprises qui se cachent dans les recoins de cet univers.
Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon démontre donc que même en partant de bases enfantines, il est possible de proposer une expérience mémorable et envoûtante. La direction artistique, les décors oniriques et la richesse des détails contribuent à créer un univers captivant, qui séduira les joueurs et les incitera à plonger dans cette aventure unique.
Bayonetta Origins : Cereza et le Démon Perdu est une œuvre pleine de passion, rappelant que des talents ayant créé des jeux incroyables tels qu'Okami, Wonderful 101 et Viewtiful Joe œuvrent chez PlatinumGames, sans se cantonner à un genre unique, innovant et enrichissant constamment. Certes, il aurait pu être meilleur et, encore une fois, peut-être que sur le plan narratif, il n'apporte pas autant que souhaité à la saga, mais il reste un jeu à ne pas négliger. De plus, sa qualité, en tant que première expérience, offre à PlatinumGames et Nintendo l'opportunité d'envisager des collaborations futures en toute sérénité, pouvant transcender ce qui semblait n'être qu'une routine de hack 'n' slash. En attendant de voir ce que nous réserve l'avenir d'une franchise que Kamiya imagine avec un nombre indéterminé de nouveaux épisodes, savourons cette aventure singulière et espérons que cette incursion ponctuelle puisse éventuellement se métamorphoser en quelque chose de plus tangible et pérenne à long terme. Car cela en vaudrait vraiment la peine.
Yakudark