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   Temps de lecture :  2 minutes

Verdict rapide

  • Jeu : Bye Sweet Carole

  • Développeur : Little Sewing Machine

  • Directeur : Chris Darril

  • Genre : Aventure narrative horrifique / plateformer / puzzle

  • Durée : 7 à 10 heures

  • Platforms : PC, PS5, Switch, Xbox

  • Verdict express : Une splendeur visuelle qui flirte avec l’art de Don Bluth et l’âge d’or de Disney, au service d’un conte de fées sombre. Une œuvre magnifique… malgré un gameplay qui peine à suivre.

Une esthétique qui hypnotise dès la première image

Il faut commencer par là, car c’est impossible de faire autrement : Bye Sweet Carole est une expérience qui se regarde avant même de se jouer.
Ce n’est pas un “jeu inspiré de l’animation”, non : c’est littéralement une déclaration d’amour à toute une époque du dessin animé, celle où chaque mouvement semblait être l’obsession d’un artiste enfermé dans un atelier poussiéreux, muni de sa table lumineuse et de sa patience hors norme.

Chris Darril, déjà reconnu pour sa capacité à sculpter l’atmosphère dans Remothered, va ici encore plus loin :
il reprend des codes visuels qui rappellent Blanche-Neige, Taram et le Chaudron Magique, Brisby et le Secret de N.I.M.H., et même l’expressivité inimitable de Don Bluth, pour donner vie à un monde qui oscille entre douceur nostalgique et cauchemar élégant.

Le résultat est saisissant :
Chaque plan ressemble à une cellule d’animation dessinée à la main,
chaque mouvement respire une maîtrise quasi artisanale,
chaque décor semble appartenir à un film d’animation jamais sorti en salles.

Le jeu n’imite pas, il réinterprète.
Et il le fait avec une conviction telle qu’on finit presque par oublier qu’il s’agit d’une production indépendante italienne au budget serré.

Dans le terrier : entre conte fantastique et horreur rampante

Sous ses couleurs poudrées et son charme rétro, Bye Sweet Carole raconte une histoire qui n’a rien d’innocent.

Nous suivons Lana, jeune orpheline plongée dans un monde à deux vitesses :
d’un côté, l’institution de Bunny Hall, dure, oppressante, glaçante dans sa manière de représenter la condition des femmes et des enfants à une époque où la bienveillance n’était pas exactement à la mode ;
de l’autre, le royaume de Corolla, un lieu féerique en apparence… mais dont le vernis craque très vite.

Les animaux parlent, les fleurs dansent et Lana est “princesse” — mais rien dans Corolla n’a cette douceur bucolique des classiques Disney :
on est plus proche de la montée des éléphants roses de Dumbo, version cauchemar éveillé.

Le mal a un nom : Mr. Kyn, figure d’autorité monstrueuse qui contamine Corolla lentement, méthodiquement, jusqu’à transformer le rêve en délire oppressant.

L’histoire fonctionne, mais elle souffre d’un défaut notable :
 elle est prévisible, et parfois répétitive dans sa structure malgré sa courte durée.

Quand l’animation danse… mais que le gameplay boit la tasse

C’est là que la magie s’effrite un peu.
Pas par manque d’idées — le jeu en a — mais parce que le gameplay n’a pas bénéficié du même raffinement que l’animation.

Le système de commandes se montre :

  • lent,

  • rigide,

  • daté,

  • parfois frustrant dans les actions les plus simples.

L’ouverture d’une porte, un saut, un demi-tour : tout semble exiger un effort supplémentaire, comme si la beauté de l’animation demandait un prix à payer.
Et ce prix, c’est la réactivité.

Les séquences de survie, qui demandent parfois des réflexes rapides, se retrouvent handicapées par cette inertie générale.
Les combats, rares mais présents, souffrent encore plus de ce manque de finesse.

Quant aux puzzles, ils oscillent entre ingénieux, parfaitement cohérents et complètement opaques au point de pousser certains joueurs vers une solution externe.

Un système d’indice contextuel aurait été bienvenu — surtout quand on sait que la puissance du jeu repose sur sa narration et non sur ses énigmes.

Une œuvre où la forme écrase le fond… mais quelle forme !

Analyser Bye Sweet Carole “par pièces détachées” est presque injuste.
Pris isolément, son gameplay n’a rien de révolutionnaire et souffre de limitations évidentes.
Mais ce serait passer à côté de la philosophie du jeu : offrir une expérience sensorielle, une sorte de film d’animation jouable où chaque scène cherche à captiver le joueur par la beauté du cadre.

Et de ce point de vue, le pari est réussi.
La direction artistique, l’ambiance sonore, le découpage des scènes, la sensibilité émotionnelle — tout cela forme un ensemble qui transcende largement les défauts mécaniques.

C’est un jeu imparfait, oui.
Mais c’est aussi un jeu inoubliable.

Et dans le paysage actuel, saturé de productions formatées, ça vaut souvent plus qu’un système de commandes irréprochable.

NOTRE AVIS

18
20

Bye Sweet Carole n’est pas seulement un jeu : c’est une pièce d’animation interactive. Superbe, inquiétant, nostalgique, imparfait, mais profondément singulier. Une œuvre qui a quelque chose à raconter — même si vos doigts aimeraient parfois qu’elle le fasse avec un peu plus de fluidité.

Yakudark

BONS POINTS

  • Direction artistique exceptionnelle
  • Animation 2D à tomber
  • Atmosphère unique, mêlant douceur et horreur
  • Univers cohérent, onirique et sombre

MAUVAIS POINTS

  • Gameplay trop rigide
  • Système de commandes daté
  • Puzzles parfois opaques
  • Intrigue prévisible
  • Quelques répétitions structurelles

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