Dans cette époque bénie — ou maudite, c’est selon — des remasters à tout-va, Days Gone Remastered vient compléter la collection PS5 des glorieux titres PS4 revisités. Et comme souvent, la question brûle les lèvres : avait-on vraiment besoin de ça ? Eh bien… oui, mais pas pour tout le monde.
Six ans après sa sortie, le jeu de Bend Studio revient, remasterisé pour la PlayStation 5, peaufiné par les artisans de Climax Studios. Un retour qui tombe à point nommé pour celles et ceux qui n’ont jamais osé s’aventurer dans l’Oregon infesté de Freakers. Mais pour les autres, cette version est-elle autre chose qu’un bon prétexte à refaire rugir la moto de Deacon St. John ? Spoiler : un peu oui, un peu non.
Soyons clairs : Days Gone Remastered ne prétend pas révolutionner l’œuvre originale. Il cherche plutôt à réanimer une franchise dont la suite a été sacrifiée sur l’autel des choix éditoriaux. Dans ce contexte, difficile de ne pas voir cette réédition comme un appel du pied déguisé à la fanbase – et à Sony – pour rappeler que l’univers mérite une seconde chance.
Dès les premières minutes, l’ambiance est intacte. La pandémie a transformé les États-Unis en un no man’s land peuplé de morts-vivants affamés, de cultistes flippants et de survivants plus ou moins fréquentables. Deacon, ex-biker au cœur brisé, y navigue en tentant de survivre, réparer sa moto, et recoller les morceaux d’un passé qui le hante.
L’intrigue de Days Gone Remastered n’a pas bougé d’un iota : elle reste dense, bien rythmée, et portée par des personnages convaincants, notamment Boozer, sidekick bourru mais attachant. On retrouve ce parfum d’Americana post-apo, entre grands espaces menaçants et réflexions sur la solitude, la loyauté, et la perte.
Le doublage n’est pas le seul à valoir le détour : les versions internationales gardent leur intensité, malgré quelques soucis techniques inchangés — synchronisation labiale bancale et mixage sonore aléatoire compris. On aurait espéré mieux d’une remasterisation.
Mais alors, qu’apporte ce remaster ? D’abord, une belle fluidité en 60 fps (déjà disponible via patch PS5, mais ici native), deux modes graphiques (qualité ou performance), un système de lumière retravaillé (surtout la nuit), et le support complet de la DualSense, avec ses gâchettes adaptatives et son retour haptique précis. En moto, c’est un vrai plaisir.
Mais surtout, un nouveau mode Horde Assault fait son entrée. Sorte de bac à sable survival, il nous propulse dans des arènes gigantesques où il faut repousser des vagues de Freakers en utilisant tout l’arsenal à notre disposition. Molotovs, grenades, barils explosifs… et beaucoup de stress. Un ajout réussi, nerveux, qui valorise enfin pleinement la dimension action du titre.
À cela s’ajoutent des options de permadeath, des modes speedrun, une importation de sauvegarde PS4, et quelques ajustements de gameplay bienvenus. Bref, le remaster ne se contente pas de lisser les textures.
Cela dit, Days Gone Remastered ne fait pas de miracles. Le monde ouvert, aussi vaste et immersif soit-il, trahit une structure très « 2019 » : nids à brûler, camps à libérer, tours à réactiver, quêtes secondaires peu inspirées. Si vous avez joué à n’importe quel open-world des dix dernières années, vous savez exactement où vous mettez les pieds.
Le système de progression reste efficace : vous gagnez en confiance auprès des camps, améliorez votre bécane, débloquez des compétences et récupérez les injections NERO pour booster vos stats. Le tout fonctionne encore très bien, mais on sent que le vernis ne suffit plus à masquer les rides d’un game design un brin daté.
Et puis, il y a ces temps de chargement. Oui, même sur PS5, ils se font remarquer, un comble quand d’autres titres de la même console nous ont habitués à l’instantané.
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
Days Gone Remastered n’est pas une révolution, ni même une vraie résurrection. C’est un hommage poli à une aventure prenante, à un monde post-apocalyptique qui méritait mieux que l’oubli, et à un antihéros plus complexe qu’il n’y paraît.Pour celles et ceux qui n’ont jamais roulé dans l’Oregon avec une batte cloutée sur le dos, c’est une excellente porte d’entrée.
stephtoonzMais pour les vétérans de la PS4, cette version pourra sembler tiède malgré ses ajouts : le lifting est subtil, les défauts d’époque persistent, et la promesse d’un renouveau semble toujours aussi lointaine.